§En retournant au passaige où la plumeSe reposa,icy mectray par vers :Du roy Clotaire et de son filz pervers,Durcy en cueur, trop plus que fer d’enclume.
§Voyons, avant laisser ce roy du tout,Comme la seur espousa de sa femme,Et comme il fist ung tour lasche et infameÀ ung Normand, ditGaultierd’Ivetout.
§Pour mectre fin à ce que l’œil pourchace,Sommairement sera cy recitéComment Clotaire, à la mort, fut cité,Par trop avoir prins travail à la chasse.
§Cy apperra comme les quatre filzDu roy Clotaire aviserent ensembleÀ departir le royaulme. Et me sembleQue ainsi fu fait à certain jour prefix.
§Suyvons comment Chilperich desreiglaSa loyaulté,passantaussi tost que unde,Qui par la faulse / et caute Fredegonde,Sa propre espouse en dormant estrangla.
§Mal se verra la royne conseilleePermectre ainsi sa fille baptiser,Car Fredegonde, en faisant attiserFeu de fureur, la rendra exillee.
§Estant le roy Sigibert en dangierContre les Huns,ChilperichReins va prendre.Mais ce plaisir luy sçaura bientost rendre,Prenant, sus luy, Soissons pour se venger.
§Chilperich n’eutses desirs assouvizSans lourdz excés d’estrange et male suytte,Dont, à grand tort, en fist faire poursuyteÀ ses deux filz, Thidebert et Clovis.
§Qui gros debatz regarde voluntiersDe trois roys, voye ici dont deux se tordentDu droit sentier, et ensembles’accordentÀ quelque paix, pour deffaire le tiers.
§Le propos tientBrunechilde arriveeÀ port d’exil. Puys dresse l’entremetzQue fut son filz roy, couronné à Metz,Et comme elle eut, à espoux,Merovee.
§L’histoire dit que Chilperich, par force,Fist l’un de l’autre assez tost separer.Puys Merovee, à son desesperer,De l’ame et corps causa piteux divorse.
§Ycy sera monstré, de veue apperte, Soissons perdu, et assez tost reprisPar Chilperich,puys ung voyaige emprisOù recevra, de ses gentz, grosse perte.
§Se n’avons l’œil bendé, cloz et sillé,Ores verrons, par dame Fredegonde,Pretexte,evesque, homme de grand faconde,Hors de son lieu pastoral exillé.
§Suyvant au vray l’histoire, on pourra veoirLe roy Gontran en ferme propos estreTout reserver, regne, couronne et sceptre,Pour son nepveu Childebert en pourvoir.
§Tournez fueillet, si verrez en ce livreEstre advenuz ce temps, en divers lieux,Prodiges grandz et signes merveilleuxDont de griefz maulx ne fut France delivre.
§Ainsi saisie et navree à oultrance,Conficte en dueil, le cueur presque transy,Ne peult durer Fredegonde estre ainsiQue au roy ne face aulcune remonstrance.
§Ce qui s’ensuyt :Gontran fort picque et mord,En tant que deux docteurs en medicine,Par non monstrer du bon remede signeÀ Austrigilde, envoya mectre à mort.
§Le cas poursuyt que Maurice empereur,À Chilperich, grand somme d’or envoye,Pour le sien ostsusLombardz mectre en voye,Terre occuppans en armes de fureur.
§Cy trouverons, selon ma fantasie,Cas fort estrange et de piteux recitD’un roy cruel, qui son filz propre occit,Par delaisser l’arrïenne heresie.
§Sans tourner l’œil, verrons desloyaultéEn Chilperich, chargé de griefves sommes,Qui, non content faire la guerre aux hommes,Encontre Dieu monstra sa cruaulté.
§Cy reprendrons la vie aquarïastreDe Fredegonde, et ses divers envis,Qui, poursuyvant faire mourir Clovis,Se monstra lasche et mauvaise marrastre.
Ycy ferons commemoratïonD’un glic de roys.Et veult le cas comprendreQue Childebert laissa Gontran, pour prendreÀ Chilperich confederatïon.
§Grandz signes veuz en l’aer font mectre icyMaulx advenuz et la mort de Theodore,Filz Chilperich, dont rend Fredegonde oreFemmes à mort et Mommolin aussi.
§De cestuy roy, n’entend le propos taireQue aprés moult estre à despit invité,Fort s’esjouyt en la nativitéD’un filz receu, qu’il fist nommerClotaire.
§Enorme cas entend le compte ouvrirSusFredegonde, austere en cest affaire,Faisant le roy villainement deffaire,Pour son peché detestable couvrir.
§L’article tient que Fredegonde envoyePrier Gontran vouloir estre tuteurDu roy son filz,disant que repute heurSi vers Paris s’accorde mectre en voye.
§La plume icy, sauf le droit de notaire,DitGondouault estre brouilleur expert,Taschant grever Gontran et ChildebertPar se nommer filz du premier Clotaire.
§Sommairement sera mentïon faicteDe Gondouault, touché icy dessus,Qui cause fut, comme gentz sont deceusPar son cuyder, de sa briefve deffaicte.
§L’escript suyvant rapporte et fait messaigeQue Childebert entreprint se vengerDe Fredegonde. Et elle en ce dangierMonstra ung tour de caute femme et saige.
Propos se tient de deux filz succedansEn paternel et royal heritaige,Lesquelz ensemble accorderent partaigeDes regïons que furent possedans.
§Le texte mect ces roys encouraigézÀ veoir venger l’excés de ceste injure,Par tel endroit que l’un à l’autre jureClotaire rendre, et ses gentz oultraigéz.
§En cest endroit, le conte nous recordeQue forte guerre entre freres s’esmeut,Et comme lors Brunechilde ung homme eutAmy de noyse et hayneux de concorde.
§Si le propos ne nous est ennuyeux,À Theodorich verrons femme espousee,Et puys aprés, matiere disposeeQue quatre roys le tiendront odïeux.